vendredi 13 novembre 2015

Philanthropie des canadiens et rôle de l'État

 
En cette Journée nationale de la philanthropie je remercie les 6 139 participantes et participants au réseau en ligne «@60_tweets pour la charité!». Après la synthèse ci-dessous des activités du réseau, vous trouverez les données de la générosité des canadiennes et canadiens telles que mesurées et rapportées par l'organisme britannique Charities Aid Foundation et par Statistiques Canada. Puis une courte réflexion sur les rôles de la philanthropie et de l'État au Canada relativement l'un par rapport à l'autre. Nous verrons de manière concrète et sans procès d'intention que l'un et l'autre sont irremplaçables en soi et par rapport à l'autre.

Vos lectures des messages du réseau «@60_tweets pour la charité!» ainsi que les partages dans vos propres réseaux permettent une diffusion ciblée et efficace auprès du public sensible au partage à l'action dans le milieu. Au cours de la période allant du 1 juin au 31 octobre,  «@60_tweets pour la charité!» a publié 4 740 messages par mois en provenance de 1 705 organismes de charité en incluant les fondations publiques et privées. Les abonnés du réseau ont effectué 1 977 130 lectures et engagements sur une base mensuelle. Ces nombres représentent une croissance mensuelle composée de 15%. Le taux de fidélité des abonnés au cours de cette même période a été de 99%. En moyenne, chaque message a été lu 332 fois pendant cette période avec un taux d'engagement allant de 3% à 14%, et ce, 3 fois sur 4! Au plan financier, la valeur monétaire d'une lecture sur un réseau social est évaluée entre 0,0090 à 0,0130$. Le coût de diffusion est de 0,00365$ par lecture. Cela semble peu mais sur la base de 18 millions de lectures par année, les dons de vos tweets épargnent entre 96 300$ et 168 300$ aux organismes de bienfaisance.


Par cette journée Journée nationale de la philanthropie du 15 novembre, l'État souhaite reconnaître l’esprit du don sans attente de récompense, l’élan de dévouement qui anime les bénévoles qui travaillent à améliorer le sort des autres, la participation civique en rassemblant les citoyens vers la poursuite d’un but commun, l’aide prodiguée par les organismes de bienfaisance, les individus au coeur généreux ainsi que leur dévouement et rendre hommage à tous les Canadiens qui se démarquent par leur générosité.

À quoi ressemble la générosité des canadiens?

Voici les portraits de la philanthropie canadienne tels qu'établis par Charities Aid Foundation (CAF) et Statistiques Canada (StatCan).

CAF mesure la fréquence des dons effectués par les particuliers dans le monde entier à l'aide des questions suivantes:

a) Avez-vous aidé quelqu'un au cours du dernier mois?

b) Avez-vous effectué un don en argent au cours du dernier mois?

c) Avez-vous fait du bénévolat au cours du dernier mois?

L'enquête par sondage de 2014 a été réalisée par Gallup International dans 140 pays représentant 94% de la population mondiale. Mille questionnaires ont été remplis dans chaque pays parmi un échantillon représentatif de la population selon les données socio-économiques disponibles localement.

Il faut réaliser que la mesure est qualitative et ne porte pas sur l'intensité d'assistance à autrui, d'argent donné ou encore de longueur de temps du bénévolat effectué. Ainsi, la question s'en remet au sens attribué par le répondant aux expressions «aider quelqu'un», «donner de l'argent» et «faire du bénévolat».

Au Canada, l'étude de CAF donne les résultats suivant:

a) 66% des Canadiens ont aidé une personne;

b) 71% des Canadiens ont effectué un don en argent;

c) 44% des Canadiens ont fait du bénévolat.

À l'échelle internationale, ces taux de participation rapportés par les répondants Canadiens à l'étude se comparent avantageusement par rapport aux autres pays. En effet, seuls le Myanmar et les États-Unis font mieux sur l'ensemble des 140 pays sondés.

Pour sa part, StatCan a mesuré les dons et le bénévolat. Nous utilisons les données de l'année 2013 qui est la période la plus rapprochée de l'enquête menée par CAF.

Pour cette période, Statistique Canada a établi que:

a) 82% des Canadiens ont effectué un don en argent;

b) 44% des Canadiens ont effectué du bénévolat.

Pour ce qui est de la fréquence des dons en argent, il existe une différence de 11% entre l'étude de StatCan et celle du CAF. Outre la marge d'erreur liée à l'échantillon, les tranches d'âge ne sont pas les mêmes et la question porte sur un horizon temporel différent: 1 an versus 1 mois. Il demeure que lorsqu'on parle 7 ou 8 personnes sur 10, les deux études rapportent un phénomène d'ampleur comparable.

En ce qui concerne le bénévolat, les deux études arrivent au même résultat: 44% des Canadiens font du bénévolat.

L'enquête de Statistique Canada se démarque de celle du CAF au niveau des mesures de quantité: combien de temps pour le bénévolat et combien d'argent pour les dons.

Pour le bénévolat, le 44% de participation des Canadiens correspond à près de 2 milliards d'heures! C'est-à-dire l'équivalent de 1 millions d'emplois. Au plan personnel, cela représente 154 heures par bénévole, soit rien de moins que l'équivalent de 4 semaines à temps complet!

Pour ce qui est des dons effectués par des particuliers, ceux-ci s'élèvent à 531$ pour la période de référence. Une somme totale de 12,8 milliards de dollars pour l'année 2013!

Est-ce peu? Est-ce beaucoup?

Lorsqu'on voit le taux de participation au bénévolat de 44% par rapport à la population canadienne âgée de 15 ans ou plus, il est tentant de se dire que moins de 1 personne sur 2 fait du bénévolat. Un arrière-goût de ce-n'est-pas-beaucoup...

Évidemment, vous comprenez que c'est là que les comparaisons internationales sont utiles. La performance canadienne place sa collectivité dans les tous premiers pays sur 140. Il est important de reconnaître la hauteur et la qualité de l'engagement bénévole des canadiens.

Au plan financier, 531$ représentent moins d'une semaine de salaire de la majorité des Canadiens. En même temps, 12,8 milliards de dollars ce n'est pas une somme anodine! Cela représente deux fois la valeur de l'économie de l'Île-du-Prince-Édouard qui est de l'ordre de 5 milliards de dollars, mais moins de 1% de celle du Canada qui dépasse 1 700 milliards de dollars!

Le rôle de la philanthropie, de la reconnaissance d'autrui et de ses besoins jusqu'au partage sous toutes ses formes, est stratégique. Les personnes par leurs initiatives personnelles ou collectives, permettent de reconnaître des besoins et d'innover socialement là où l'État n'est pas présent pour quelque raison que ce soit. Les garderies en sont un exemple. D'organismes implantés par des initiatives locales et souvent individuelles, leurs besoins ont finalement été reconnus par la communauté et plusieurs gouvernements d'un océan à l'autre. L'État a joué un rôle primordial et irremplaçable: il a pu mettre en place le réseau à l'échelle d'un territoire à l'aide de contrats de service et autres programmes qui lui sont propres. L'un ne remplace pas l'autre.

Lorsque l'État souhaite récupérer 25, 50 voire 100 millions de dollars dans des programmes d'assistance aux personnes, ces sommes ne seront pas compensées par la charité. L'État est irremplaçable dans ces situations. Lorsque les organismes de bienfaisance, les fondations publiques ou privées souhaitent que l'État reconnaissent l'ensemble des besoins spécifiques de manière immédiate, ils sous-estiment l'importance de leurs compétences à comprendre ces besoins souvent émergents et résultant des transformations rapides de la société. Leur présence est irremplaçable.

Bonne journée de la philanthropie!

François Poulin
Développement de la philanthropie et analyse de situations humanitaires - Fellow J.W. McConnell
Twitter: @Francois_Poulin / @Canal2Poulin
courriel: francoispoulin2013@gmail.com
téléphone: (514) 766-9665