vendredi 13 novembre 2015

Philanthropie des canadiens et rôle de l'État

 
En cette Journée nationale de la philanthropie je remercie les 6 139 participantes et participants au réseau en ligne «@60_tweets pour la charité!». Après la synthèse ci-dessous des activités du réseau, vous trouverez les données de la générosité des canadiennes et canadiens telles que mesurées et rapportées par l'organisme britannique Charities Aid Foundation et par Statistiques Canada. Puis une courte réflexion sur les rôles de la philanthropie et de l'État au Canada relativement l'un par rapport à l'autre. Nous verrons de manière concrète et sans procès d'intention que l'un et l'autre sont irremplaçables en soi et par rapport à l'autre.

Vos lectures des messages du réseau «@60_tweets pour la charité!» ainsi que les partages dans vos propres réseaux permettent une diffusion ciblée et efficace auprès du public sensible au partage à l'action dans le milieu. Au cours de la période allant du 1 juin au 31 octobre,  «@60_tweets pour la charité!» a publié 4 740 messages par mois en provenance de 1 705 organismes de charité en incluant les fondations publiques et privées. Les abonnés du réseau ont effectué 1 977 130 lectures et engagements sur une base mensuelle. Ces nombres représentent une croissance mensuelle composée de 15%. Le taux de fidélité des abonnés au cours de cette même période a été de 99%. En moyenne, chaque message a été lu 332 fois pendant cette période avec un taux d'engagement allant de 3% à 14%, et ce, 3 fois sur 4! Au plan financier, la valeur monétaire d'une lecture sur un réseau social est évaluée entre 0,0090 à 0,0130$. Le coût de diffusion est de 0,00365$ par lecture. Cela semble peu mais sur la base de 18 millions de lectures par année, les dons de vos tweets épargnent entre 96 300$ et 168 300$ aux organismes de bienfaisance.


Par cette journée Journée nationale de la philanthropie du 15 novembre, l'État souhaite reconnaître l’esprit du don sans attente de récompense, l’élan de dévouement qui anime les bénévoles qui travaillent à améliorer le sort des autres, la participation civique en rassemblant les citoyens vers la poursuite d’un but commun, l’aide prodiguée par les organismes de bienfaisance, les individus au coeur généreux ainsi que leur dévouement et rendre hommage à tous les Canadiens qui se démarquent par leur générosité.

À quoi ressemble la générosité des canadiens?

Voici les portraits de la philanthropie canadienne tels qu'établis par Charities Aid Foundation (CAF) et Statistiques Canada (StatCan).

CAF mesure la fréquence des dons effectués par les particuliers dans le monde entier à l'aide des questions suivantes:

a) Avez-vous aidé quelqu'un au cours du dernier mois?

b) Avez-vous effectué un don en argent au cours du dernier mois?

c) Avez-vous fait du bénévolat au cours du dernier mois?

L'enquête par sondage de 2014 a été réalisée par Gallup International dans 140 pays représentant 94% de la population mondiale. Mille questionnaires ont été remplis dans chaque pays parmi un échantillon représentatif de la population selon les données socio-économiques disponibles localement.

Il faut réaliser que la mesure est qualitative et ne porte pas sur l'intensité d'assistance à autrui, d'argent donné ou encore de longueur de temps du bénévolat effectué. Ainsi, la question s'en remet au sens attribué par le répondant aux expressions «aider quelqu'un», «donner de l'argent» et «faire du bénévolat».

Au Canada, l'étude de CAF donne les résultats suivant:

a) 66% des Canadiens ont aidé une personne;

b) 71% des Canadiens ont effectué un don en argent;

c) 44% des Canadiens ont fait du bénévolat.

À l'échelle internationale, ces taux de participation rapportés par les répondants Canadiens à l'étude se comparent avantageusement par rapport aux autres pays. En effet, seuls le Myanmar et les États-Unis font mieux sur l'ensemble des 140 pays sondés.

Pour sa part, StatCan a mesuré les dons et le bénévolat. Nous utilisons les données de l'année 2013 qui est la période la plus rapprochée de l'enquête menée par CAF.

Pour cette période, Statistique Canada a établi que:

a) 82% des Canadiens ont effectué un don en argent;

b) 44% des Canadiens ont effectué du bénévolat.

Pour ce qui est de la fréquence des dons en argent, il existe une différence de 11% entre l'étude de StatCan et celle du CAF. Outre la marge d'erreur liée à l'échantillon, les tranches d'âge ne sont pas les mêmes et la question porte sur un horizon temporel différent: 1 an versus 1 mois. Il demeure que lorsqu'on parle 7 ou 8 personnes sur 10, les deux études rapportent un phénomène d'ampleur comparable.

En ce qui concerne le bénévolat, les deux études arrivent au même résultat: 44% des Canadiens font du bénévolat.

L'enquête de Statistique Canada se démarque de celle du CAF au niveau des mesures de quantité: combien de temps pour le bénévolat et combien d'argent pour les dons.

Pour le bénévolat, le 44% de participation des Canadiens correspond à près de 2 milliards d'heures! C'est-à-dire l'équivalent de 1 millions d'emplois. Au plan personnel, cela représente 154 heures par bénévole, soit rien de moins que l'équivalent de 4 semaines à temps complet!

Pour ce qui est des dons effectués par des particuliers, ceux-ci s'élèvent à 531$ pour la période de référence. Une somme totale de 12,8 milliards de dollars pour l'année 2013!

Est-ce peu? Est-ce beaucoup?

Lorsqu'on voit le taux de participation au bénévolat de 44% par rapport à la population canadienne âgée de 15 ans ou plus, il est tentant de se dire que moins de 1 personne sur 2 fait du bénévolat. Un arrière-goût de ce-n'est-pas-beaucoup...

Évidemment, vous comprenez que c'est là que les comparaisons internationales sont utiles. La performance canadienne place sa collectivité dans les tous premiers pays sur 140. Il est important de reconnaître la hauteur et la qualité de l'engagement bénévole des canadiens.

Au plan financier, 531$ représentent moins d'une semaine de salaire de la majorité des Canadiens. En même temps, 12,8 milliards de dollars ce n'est pas une somme anodine! Cela représente deux fois la valeur de l'économie de l'Île-du-Prince-Édouard qui est de l'ordre de 5 milliards de dollars, mais moins de 1% de celle du Canada qui dépasse 1 700 milliards de dollars!

Le rôle de la philanthropie, de la reconnaissance d'autrui et de ses besoins jusqu'au partage sous toutes ses formes, est stratégique. Les personnes par leurs initiatives personnelles ou collectives, permettent de reconnaître des besoins et d'innover socialement là où l'État n'est pas présent pour quelque raison que ce soit. Les garderies en sont un exemple. D'organismes implantés par des initiatives locales et souvent individuelles, leurs besoins ont finalement été reconnus par la communauté et plusieurs gouvernements d'un océan à l'autre. L'État a joué un rôle primordial et irremplaçable: il a pu mettre en place le réseau à l'échelle d'un territoire à l'aide de contrats de service et autres programmes qui lui sont propres. L'un ne remplace pas l'autre.

Lorsque l'État souhaite récupérer 25, 50 voire 100 millions de dollars dans des programmes d'assistance aux personnes, ces sommes ne seront pas compensées par la charité. L'État est irremplaçable dans ces situations. Lorsque les organismes de bienfaisance, les fondations publiques ou privées souhaitent que l'État reconnaissent l'ensemble des besoins spécifiques de manière immédiate, ils sous-estiment l'importance de leurs compétences à comprendre ces besoins souvent émergents et résultant des transformations rapides de la société. Leur présence est irremplaçable.

Bonne journée de la philanthropie!

François Poulin
Développement de la philanthropie et analyse de situations humanitaires - Fellow J.W. McConnell
Twitter: @Francois_Poulin / @Canal2Poulin
courriel: francoispoulin2013@gmail.com
téléphone: (514) 766-9665






jeudi 10 septembre 2015

Le partage par l'attention à autrui

Bonjour!

Dans ce carnet, nous nous intéressons à toutes les formes du don. Ci-dessous, une illustration débordant le contexte canadien à proprement parler. Un chauffeur de taxi newyorkais prend une décision simple, à la fois professionnelle et personnelle. Il nous rappelle l'importance et la grandeur de l'attention, comment le moment rejoint la grandeur de l'humanité.

Bonne lecture!

Source:http://www.espacebuzz.com/en-embarquant-cette-vieille-dame-ce-chauffeur-de-taxi-ne-pensait-pas-que-ca-changerait-sa-vie.html

Un Taximan new yorkais raconte :

Je suis arrivé à l'adresse et j’ai klaxonné. Après avoir attendu quelques minutes, je klaxonne à nouveau. Comme il s’agissait de ma dernière course de la journée, je pensais partir, mais finalement je me suis stationné et puis je me suis dirigé vers la porte et j’ai frappé.

« Juste une minute », a répondu la voix. Je pouvais entendre quelque chose qui traînait sur le plancher.

Après une longue pause, la porte s'ouvrit. Une petite femme de 90 ans se tenait devant moi. Elle portait une robe imprimée ainsi qu’un chapeau et ressemblait à un personnage de film des années 1940.

À côté d'elle il y avait une petite valise en nylon. L'appartement donnait l’impression de ne plus être habité depuis des années. Tout le mobilier était recouvert de draps.

Il n’y avait pas d'horloge sur les murs, pas de bibelot ni aucun ustensile sur les comptoirs. Dans un coin il y avait une boîte en carton remplie de photos et de verrerie.

« Pourriez-vous porter mon bagage jusqu'à la voiture? ». 

J'ai porté la valise jusqu’à mon véhicule, puis je suis retourné près d’elle pour l'aider.

Elle ma pris le bras et nous avons marché lentement vers le bord du trottoir.

Elle n'arrêtait pas de me remercier pour ma gentillesse. « Ce n'est rien », lui ai-je dit « J'essaie simplement de traiter mes passagers comme j’aimerais qu’ils traitent ma mère ! » 

« Oh, tu es un bon garçon », dit-elle. Quand nous sommes arrivés dans la voiture, elle m'a donné une adresse, puis m’a demandé: 
« Pouvez-vous passer par le centre-ville? »,
« Ce n'est pas le chemin le plus court», ai-je répondu.
« Oh, cela ne me dérange pas », dit-elle. « Je ne suis pas pressé. Je me rends au centre de soins palliatifs. »

J'ai regardé dans le rétroviseur. Ses yeux scintillaient. « Je n'ai pas de famille » reprit-elle d'une voix douce. « Le docteur dit que je n'en ai plus pour très longtemps. » J'ai discrètement arrêté le compteur.
« Quelle route voudriez-vous que je prenne? » Demandai-je.

Pendant les deux heures qui ont suivi, nous avons roulé à travers la ville. Elle m'a montré le bâtiment où elle avait travaillé comme opérateur d'ascenseur.

Nous avons traversé le quartier où elle et son mari avaient vécu quand ils étaient jeunes mariés. Elle m’a fait m’arrêter devant un entrepôt de meubles qui était à l’époque une salle de bal où elle était allée danser lorsqu’elle était jeune fille.

Parfois, elle me demandait de ralentir en face d'un bâtiment particulier ou dans un coin et s'asseyait le regard perdu dans l'obscurité, sans rien dire.

Lorsque le soleil commença à rejoindre l'horizon, elle dit soudain: « Je suis fatiguée j’aimerais y aller maintenant ».

Nous avons roulé en silence à l'adresse qu'elle m'avait donnée. C'était un petit édifice, comme une petite maison de convalescence, avec un portique pour rentrer dans une allée.

Deux infirmiers sont sortis et se sont dirigés vers le taxi. Ils étaient très attentionnés et surveillaient tous les mouvements de la vieille dame. Visiblement ils attendaient son arrivée.

J'ai ouvert le coffre et porté la petite valise jusqu’à la porte. La femme était déjà assise dans un fauteuil roulant.

« Combien vous dois-je? » M’a-t-elle demandé, en ouvrant son sac.

« Rien » lui dis-je.

« Vous devez gagner votre vie », répondit-elle.

« Il y aura d'autres passagers, » ai-je répondu.

Presque sans y penser, je me suis penché et lui ai donné une accolade. Elle me serra fort. « Vous avez donné un petit moment de joie à une vieille dame », dit-elle. « Je vous remercie. » Je lui serrai la main, et me retournai. Derrière moi, une porte a claqué, c’était le bruit d'une vie qui se termine.

Je n’ai pris aucun passager le reste de ma course. J'ai conduit sans but, perdu dans mes pensées.

Je n’ai pratiquement pas parlé le reste de la soirée. Que se serait-il passé si cette femme avait eu à faire à un chauffeur en colère, ou à quelqu’un d’impatient et pressé ? Et si j’avais refusé de prendre la course, ou juste klaxonné plusieurs fois avant de partir sans attendre ?

Après réflexion, je ne pense pas avoir fait quelque chose de plus important dans ma vie.

Nous sommes conditionnés à penser que nos vies tournent autour de grands moments. Mais les grands moments sont souvent des jolis petits instants auxquels nous ne prêtons pas assez attention.»

dimanche 2 août 2015

Partage et don de soi!

Une jeune femme tend les mains remplies de monnaie

Bonjour!

Vous êtes maintenant plus de 4 500 personnes à suivre ma présence sur les réseaux sociaux par l'entremise de Twitter et de Blogger. Je suis très reconnaissant que vous preniez personnellement ou professionnellement le temps de lire mon carnet ainsi que tous ces gazouillis que je fais circuler sur le web.

Depuis le début de cette entreprise bénévole le 5 décembre dernier, mon objectif principal est d'ouvrir la conversation au sujet de la charité. Vous trouverez une excellente illustration de cette intention dans le carnet consacré à la philanthropie de Guy Laliberté ou encore celle de Yuri Milner. Mon espoir est qu'en ouvrant cette thématique nous puissions mieux la reconnaître en nous et dans la communauté.

C'est également dans ce contexte que du 15 janvier au 15 mars j'ai réalisé une expérience en matière de diffusion de l'information caritative. En effet, j'ai entrepris la production d'une diffusion Web nommée 60 tweets pour la charité!  que j'offre professionnellement depuis le 1er juin dernier. Il s'agit d'une séquence de messages en provenance d'organismes de bienfaisance et d'innovateurs sociaux.

Merci!

François Poulin

Partage et don de soi!


Le don de soi fait partie des aspirations de la plupart d'entre nous. Les motivations sont multiples, les moyens diversifiés, les finalités variées.

Abandon, aumône, bénédiction, bienfait, bourse, cadeau, dépannage, donation, étrenne, faveur, générosité, grâce, gracieuseté, gratification, gratuité, hommage, largesse, legs, libéralité, oblation, offrande, pourboire, présent, remise, sacrifice, secours, subside, subvention.

Autant de mots pour parler du don sous toutes les formes: matérielle, argent ou temps. Leur point commun est l'engagement personnel: le don de soi.

Donner nous engage. Il y a une décision, la reconnaissance de l'autre et de son besoin, un acte de compréhension et d'empathie. Il y a une compétence humaine et à pourvoir la différence par le geste personnel.

De plus, au plan matériel, il n'y a pas de contrepartie! Au plan humain, chacun est libre d'apprécier son geste selon son jugement et sa sensibilité.

La dimension collective de la générosité s'incarne dans l'organisme de charité.

La philanthropie contemporaine nord-américaine est issue du passage de l'obole, le don symbolique de chacun, au don suggéré permettant l'atteinte d'objectif financiers considérables.

Écoles primaires et secondaires, collèges et universités, hôpitaux, églises et services communautaires identifient et satisfont les besoins des communautés dans lesquelles ils opèrent.

Chaque organisations prend le soin de reconnaître l'apport de tous et chacun en fonction de la nature de leurs missions.

L'État Canadien ainsi que les provinces et territoires font de même à l'aide d'une reconnaissance fiscale. En effet, les organismes sont dispensés de l'impôt sur le revenu et les donateurs se voient exemptés du même impôt sur la partie de leur revenu constituant leur don. Une seule condition: le don doit constituer un appauvrissement personnel réel.

À l'occasion des questions surgissent. Par exemple, une organisation ou une personne refuse un don comme dans la situation rapportée par cet article. Sommes-nous généreux? Ou encore,  une entreprise qui donne quelque chose fait-elle réellement un don?

Vous trouverez dans ce carnet en ligne des amorces de réflexion au sujet de la charité et de la philanthropie dans tous ses aspects: personnel, caritatif, fiscal, philosophique et spirituel.

Bonne lecture!

François Poulin
14 mars 2015

source: La photographie provient de Radio-Canada à http://img.src.ca/2013/12/17/635x357/131217_8m1k1_rci-dons-charite_sn635.jpg

mercredi 18 mars 2015

La philanthropie des entreprises: Personne ne donne aussi bien que vous!


Nous avons déjà eu l'occasion de discuter de la mesure de la générosité à l'aide des données de Statistique Canada et de Charities Aid Foundation. Nous avons pu voir que les deux ensembles de données donnent des résultats similaires: 7 à 8 Canadiens sur 10 ont fait un don en 2013 et 44% ont fait du bénévolat au cours de la même période. Bien que ces résultats sont extrêmement encourageants et classent les Canadiens dans le top 3 des nations dans le monde à l'égard de la générosité, il laisse en plan des activités caritatives et des actifs philanthropiques importants qui doivent être pris en compte afin de mieux comprendre des activités de bienfaisance dans ce pays. Ci-dessous, nous examinons quelques ensembles de données qui n'ont pas été pris en compte jusqu'à présent dans la mesure de la générosité au Canada.


Au sujet des dons effectués par des entreprises

Une entreprise est autorisée à faire des dons et aussi longtemps que ces dons sont faits à des donataires reconnus, c'est-à-dire des organismes de bienfaisance, elle bénéficie d'une dispense fiscale comparable au remboursement d'impôt accordé aux particuliers. Dans les deux cas aucun gain n'est réalisé en donnant de l'argent aux organismes de bienfaisance et tout le monde donne vraiment quelque chose. (Charitable Giving Guide, pages 9 et 19 )

Bien entendu, plusieurs personnes questionnent les motivations singulières se cachant derrière les dons effectués d'autant plus lorsqu'il s'agit d'entreprises.

 
D'un point de vue théorique, il est possible d'établir qu'une personne agit dans son intérêt à tout moment et qu'une personne cherchera sans aucun doute à préserver ses actifs et ainsi de suite. Néanmoins, lorsque nous demandons aux gens s'ils ont fait un don, ces personnes répondent par l'affirmative chaque année dans les 140 pays où l'étude CAF est menée à la lumière de l'expérience personnelle ( CAF World Giving Index ). Nous nous devons de reconnaître que le comportement humain contredit et prévaut sur les conceptions théoriques sur lesquelles reposent parfois notre compréhension du monde.


En ce qui concerne les entreprises, les lois sur les compagnies du monde entier comprennent des règlements protégeant les actionnaires, notamment les petits actionnaires, faisant en sorte que les actifs ne peuvent pas être donnés facilement. Les conseils d'administration ont l'obligation de protéger la valeur d'une entreprise pour ses actionnaires. Cela est encore plus vrai en ce qui concerne les sociétés cotées sur les marchés boursiers. Néanmoins, les entreprises donnent en tenant compte de lignes directrices exigeantes.


Lorsque les entreprises donnent de l'argent, celles-çi doivent prendre en compte leur bilan et l'état des résultats. Elles sont autorisées à donner jusqu'à 75% de leur revenu net avant impôts (Charitable Giving Guide, page 9). Cependant, dans la réalité cela tourne autour de 4%, notamment pour tenir compte de la réglementation pour les entreprises cotées en bourse. En fait, donner plus de 1% sur le bénéfice net semble être un défi si on tient compte que le Programme des entreprises généreuses d'Imagine Canada ne dispose que de 90 membres qui se sont engagés à maintenir ce niveau de don (Imagine Canada Caring Company Program). Voyons quelques moyens de soutien caritatif disponibles aux entreprises.

La commandite peut être une excellente occasion de soutien à la communauté. Du point de vue des affaires, une commandite est une dépense d'entreprise que l'on a raison de croire qu'elle générera des ventes. Commanditer un organisme de charité ou un évènement caritatif peut être à la fois l'occasion de soutenir la communauté bien que la probabilité de retour soit moindre voire inexistante.    

Donner des services est une autre manière utile et touchante de contribuer à une oeuvre de bienfaisance. Il peut s'agir de comptabilité, de sollicitation à l'intérieur de l'entreprise ou de la communauté. Certaines entreprises s'attendent même à ce leur personnel participent ainsi à la vie de la communauté, et ce, pendant leurs heures rémunérées!

Le don d'inventaire existe aussi! Cela prend des formes variées, comme le don des stocks de fin de journée des magasins d'alimentation. Cela a du bon sens.

Dans la plupart des cas, les entreprises ne recouvrent pas en totalité les frais engagés. Les gains sont souvent de nature immatérielle comme la notoriété d'entreprise, l'esprit de corps du personnel où simplement un sentiment d'intégration dans la communauté.



Il y a plus de 86 000 organismes de bienfaisance au Canada, mais les dons effectués ne sont pas limités à ce groupe. Selon Imagine Canada il existe 84 000 autres organisations à but non lucratif qui reçoivent également l'appui des entreprises. Ces organismes n'ont tout simplement pas la possibilité d'émettre des reçus pour usage fiscal, ce qui limite leur capacité à solliciter la communauté. Ajoutez à ce que l'on appelle l'économie sociale et collaborative et cela élargit considérablement la portée de ce que l'on peut considérer comme don d'entreprise.

L'observation cruciale demeure la réalité factuelle du don dans le monde des affaires, bien que ce ne soit pas leur mission de le faire. Disons simplement que les entreprises le font pour des raisons quelconques et que nous disposons d'innombrables traces de ces dons.


Quelle est la valeur totale des dons effectuées par les entreprises?

Les dons de services des entreprises et de bénévolat sur les heures d'affaires seraient réalité dans 65% des entreprises selon l'étude Hall de 2006 bien les heures consacrées au bénévolat seraient souvent réalisées en dehors des heures d'affaires.

Au plan financier, en se fiant aux profits nets déclarés et compilés par Statistique Canada et croisés avec le potentiel recherché de 1% tel que recommandé par Imagine Canada, la valeur totale des dons effectués en argent par les compagnies atteindrait  3 milliards de dollars, c'est-à-dire 20% de l'ensemble des dons au Canada, les autres 80%, soit 12 milliards de dollars, provenant des particuliers.

Personne ne donne aussi bien que vous !
Évidemment, comme nous l'avons évoqué tout au long de ce carnet, les dons effectués par les entreprises ne se limitent pas à ceux effectués aux organismes de charité. La valeur du temps de bénévolat n'est même pas tenue en compte de même que celle des commandites qui précisément entre dans un autre poste de dépense. Il est donc difficile d'établir la valeur exacte de l'ensemble des contributions réalisées par les entreprises et cette valeur dépasse probablement de beaucoup ce que nous pouvons comptabiliser.

Cependant, dans la mesure où un organisme de charité dispose réellement que des sommes en argent pour planifier et réaliser ses activités, il importe de se souvenir que l'étendue de la capacité financière des entreprises n'est pas aussi grande que la perception que nous pouvons en avoir: 4 dollars sur 5 donnés aux organismes de charité proviennent des gens. Par conséquent, la prochaine fois que vous penserez aller solliciter la multinationale près de chez vous, je vous invite à vous rappeler ceci: Personne ne donne aussi bien que vous!

François Poulin

mardi 17 février 2015

La mesure de la générosité à l'aide des données de StatCan et CAF

D'un point de vue philosophique, s'il nous est possible de dire que l'homme est la mesure de toute chose, notre propension à la générosité peut alors s'évaluer de pareille manière. Cependant, depuis le siècle dernier la générosité est mesurée de manière surprenante. Ci-dessous vous trouverez deux mesures de la générosité. Dans un autre carnet nous aurons l'occasion de discuter de certaines limitations de ces études.

Logo de Charities Aid Foundation

L'indice mondiale de la générosité (recherche qualitative)

L'organisme britannique Charities Aid Foundation (CAF) mesure la fréquence des dons effectués par les particuliers dans le monde entier à l'aide des questions suivantes: 

a) Avez-vous aidé quelqu'un au cours du dernier mois?

b) Avez-vous effectué un don en argent au cours du dernier mois?

c) Avez-vous fait du bénévolat au cours du dernier mois.

L'enquête par sondage de 2014 a été réalisée par Gallup International dans 140 pays représentant 94% de la population mondiale. Mille questionnaires ont été remplis dans chaque pays parmi un échantillon représentatif de la population selon les données socio-économiques disponibles localement.

Il faut réaliser que la mesure est qualitative et ne porte par sur l'intensité d'assistance à autrui, d'argent donné ou encore de longueur de temps du bénévolat effectué. Ainsi, la question s'en remet au sens attribué par le répondant aux expressions «aider quelqu'un», «donner de l'argent» et «faire du bénévolat».

Les résultats de l'enquête au Canada

Au Canada, l'étude de CAF donne les résultats suivant:

a) 66% des Canadiens ont aidé une personne;

b) 71% des Canadiens ont effectué un don en argent;

et

c) 44% des Canadiens ont fait du bénévolat.

À l'échelle internationale, ces taux de participation rapportés par les répondants Canadiens à l'étude se comparent avantageusement par rapport aux autres pays. En effet, seuls le Myanmar et les États-Unis font mieux sur l'ensemble des 140 pays sondés.



Enquête sociale générale: don, bénévolat et participation (recherche quantitative)

Statistique Canada a mesuré en matière de don, de bénévolat et de participation pour l'année 2013, soit la période la plus rapprochée de l'enquête menée par CAF.

Pour cette période, Statistique Canada a établi que:

a) 82% des Canadiens ont effectué un don en argent;

et

b) 44% des Canadiens ont effectué du bénévolat.

Pour ce qui est de la fréquence des dons en argent, il existe une différence de 11% entre l'étude de Statistique Canada et celle du CAF. Outre la marge d'erreur liée à l'échantillon, les tranches d'âge ne sont pas les mêmes et la question porte sur un horizon temporel différent: 1 an versus 1 mois. Il demeure que lorsqu'on parle 7 ou 8 personnes sur 10, les deux études rapportent un phénomène d'ampleur comparable.

En ce qui concerne le bénévolat, les deux études arrivent au même résultat: 44% des Canadiens font du bénévolat.

L'enquête de Statistique Canada se démarque de celle du CAF au niveau des mesures de quantité: combien de temps pour le bénévolat et combien d'argent pour les dons.

Pour le bénévolat, le 44% de participation des Canadiens correspond à près de 2 milliards d'heures! C'est-à-dire l'équivalent de 1 millions d'emplois. Au plan personnel, cela représente 154 heures par bénévole, soit rien de moins que l'équivalent de 4 semaines à temps complet!

Pour ce qui est des dons effectués par des particuliers, ceux-ci s'élèvent à 531$ pour la période de référence. Une somme totale de 12,8 milliards de dollars pour l'année 2013!

Est-ce peu? Est-ce beaucoup?

Lorsqu'on voit le taux de participation au bénévolat de 44% par rapport à la population canadienne âgée de 15 ans ou plus, il est tentant de se dire que moins de 1 personne sur 2 fait du bénévolat. Un arrière-goût de ce-n'est-pas-beaucoup...

Évidemment, vous comprenez que c'est là que les comparaisons internationales sont utiles. La performance canadienne place sa collectivité dans les tous premiers pays sur 140. Il est important de reconnaître la hauteur et la qualité de l'engagement bénévole des canadiens.

Au plan financier, 531$ représentent moins d'une semaine de salaire de la majorité des Canadiens. En même temps, 12,8 milliards de dollars ce n'est pas une somme anodine! Cela représente deux fois la valeur de l'économie de l'ïle-du-Prince-Édouard.

Je vous laisse apprécier par vous-mêmes si cela représente peu ou beaucoup de ceci ou de cela, mais une chose est certaine: la participation des Canadiens est significative!  

François Poulin

Sources:

CAF: https://www.cafonline.org/ à Londres et http://www.cafcanada.ca/ au Canada)

Statistique Canada: http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150130/dq150130b-fra.htm

lundi 12 janvier 2015

Philanthropie et droits de la personne

Afin de suivre les développements en philanthropie et l'évolution des organismes de charité, deux comptes Twitter ont été créés: un pour bien mettre en valeur l'innovation sociale et l'autre pour tenir compte des exigences propres des activités caritatives liées au respect et développement des droits de la personne.

Charité, philanthropie et innovation sociale: @Francois_Poulin

L'objectif principal est la mise en valeur de la philanthropie et de l'innovation sociale de même que de la charité. Les sujets comprennent l'éducation, l'atténuation de la pauvreté, la recherche et les soins médicaux, la vie spirituelle et les causes contribuant à la vie de la communauté.

Messages de gratitude des organismes de charité, services et besoins sont diffusés en priorités. Les contributions des innovateurs sociaux complètent le tout. Enfin, j'essaye d'alterner les messages en français et en anglais.

Cependant, le savoir-faire des organismes de charité dépasse celui de la reconnaissance. Leurs programmes entraînent des discussions communautaires comme c'est le cas lorsqu'il est question des droits de la personne.

Droits de la personne, aide humanitaire et philanthropie internationale: @Canal2Poulin

Pour ceux qui suivent l'actualité philanthropique canadienne, il arrive que les organismes de charité soient l'objet de vérification fiscale. En effet, l'Agence du revenu du Canada est responsable de la reconnaissance caritative des organismes de charité pour tous les ordres de gouvernement, fédéral, provincial et territorial.

Les organismes de charité et les fondations peuvent agir dans le cadre des lois existantes. Évidemment, lorsque vient les questions qui touchent les droits de la personne, parfois la ligne est mince entre demander que justice soit faite et questionner les lois et règlements en vigueur, parfois même demander des amendements, une procédure associée au lobbyisme et la politique. C'est pourquoi un canal est consacré au suivi des questions touchant les droits de la personne ainsi que les enjeux humanitaires, ces derniers touchant de nombreuses formes de philanthropie débordant les frontières.

Dans ce cas-ci, nous diffusons en priorité la documentation des Nations-Unies et de ses nombreuses agences, des analyses et discussions humanitaires, des témoignages découlant des violations des droits de la personne ainsi que des témoignages de résilience personnelle et collective.

Merci de vous abonner à ces deux canaux Twitter!

François Poulin


dimanche 11 janvier 2015

Le Web est #JeSuisCharlie

Hommage à Wolinski


La Solidarité en premier, les moyens en deuxième.
 

Depuis quelques jours et aujourd'hui dimanche ce 11 Janvier, nous vivons une expérience extraordinaire de solidarité rejoignant chacun de nous. Une expérience collective et personnelle. Un état de grâce, une prise de position.

Dans une époque révolue, on aurait appris la nouvelles par ouï-dire. Les journaux auraient couvert l'événement le lendemain dans le meilleur des cas. Pensez à la couverture du naufrage du Titanic bien que la radio était déjà en onde. La télévision est arrivée et la mise en orbite de satellites a consacré le média de masse. Ces technologies ont renouvelé l'expérience de la connaissance des drames humanitaires d'ailleurs et d'ici. Mais elles ont fait autre chose aussi. Ces technologies nous font vivre des expériences personnelles et collectives nouvelles que nous ne pourrions vivre autrement.


Enfin, au-delà du cliché ou du lieu commun apparent, ces expériences nous introduisent à un nouvel âge de l'humanité et de la connaissance.

Nous avons un peu de difficulté avec cela car nous pensons dans le confort de nos attitudes et de nos croyances que ces dernières ont préséance sur les bruits de la civilisation.

Difficile à accepter, mais cela arrive tout le temps.

Lorsque Galilée a établi que la Terre et les autres planètes tournent autour du Soleil au lieu de l'inverse, il a mis le feu entre lui et l'église pendant des siècles. Il est facile de dire que cela est imputable à quelques dirigeants d'église irresponsables habités d'attitudes désagréables. Nous oublions que toute la science et les observations de Galilée reposait sur un télescope disponible pour quelques dollars de nos jours. Mais, bien sûr, si vous connaissez les mathématiques, vous pouvez y arriver et c'est exactement ce que Galilée a fait et conclu alors. Je me souviens à l'école secondaire de mon professeur de physique nous fournissant les données utilisées par Galilée en nous demandant de de calculer les ellipses résultantes et parvenir à la conclusion logique en émanant quant à la dynamique de notre univers. Ajoutez à cela les exploits de notre professeur à la NASA lors des jours d'Apollo XIII et nous aussi devenions Galilée!


Notre compréhension du monde change à bien des égards à chacune de ces innovations transformatrices sans qu'il soit possible de considérer un retour en arrière vers des idées platoniciennes, des connaissances en apparence immuables.

C'est arrivé avec boussole, horloge et montre, télégraphe et le téléphone, la physique quantique, la bombe, l'ordinateur, le net et le web.

Alors, quelle est cette nouvelle expérience de nous-mêmes et notre temps?

Nous réagissons à la manace comme un seul homme.

Bienvenue sur le Web 2.0.

Le Web aussi est #JeSuisCharlie.

Bon dimanche.

François Poulin