Voilà maintenant 5 années que j'étudie et anime les réseaux sociaux à l'aide des messages des organismes de bienfaisance afin de bien mettre en valeur leurs contributions, leurs besoins ainsi que leurs campagnes de levée de fonds à des fins caritatives. Entre les 1er juin 2014 et 2016, j’ai publié 43 800 messages d’organismes de bienfaisance, 3 000 messages d’encadrement, 100 billets en ligne portant sur la philanthropie et l’innovation sociale, et contribué en votre compagnie à générer 36 millions de lectures et d’interactions sur les réseaux sociaux par l’entremise d’un auditoire de 14 000 abonnés rayonnant auprès de 2,5 millions de Canadiennes et Canadiens. Grâce à leurs abonnements aux chaînes caritatives que je pilote sur les réseaux sociaux, plus de 400 organismes de bienfaisance se prêtent à cette expérience unique en son genre. Ma gratitude aux gestionnaires de communauté, souvent bénévoles, pour les messages mettant en valeur les organismes pour lesquels ils et elles œuvrent avec «tout leur coeur» comme me le rappelait dernièrement l’une de ces personnes. Ma reconnaissance à toutes les abonnées et tous les abonnés pour l'attention que vous portez à ces messages des organismes de bienfaisance et les gestes de philanthropie et de bénévolat que vous posez ensuite. Enfin, mes remerciements aux partenaires qui rendent possible cette initiative hier, aujourd'hui et demain.
À toutes les années, la Journée de la francophonie est l’occasion de me rappeler qu’en 1984 j’eus la chance de devenir moniteur de français langue seconde dans le cadre d’un programme mettant en valeur l’apprentissage des langues officielles, une aventure de cinq années qui globalement m’a permis de découvrir la francophonie du Canada et du monde, une heureuse ouverture que je chéris.
Les locuteurs de la francophonie sont au
coeur d’une société encyclopédique qui cultive les savoirs de tous les domaines
de l’activité humaine. En moins d’une génération les supports numériques l’ont
emporté dans tous les domaines de la connaissance, de la musique à la vidéo, de
la poésie à la tenue des livres comptables, du quotidien littéraire à la veille
patrimoniale. Bien entendu, le bémol est que ce ne sont pas toutes les
publications et œuvres francophones qui se voient numérisées. Également, la
numérisation de la francophonie touche l’essentiel de nos correspondances, du
courriel aux billets de nos carnets en ligne ou blogues si vous préférez, des
sites de micro-blogage comme Twitter aux sites de rencontre romantique de même
que nos échanges avec nos fournisseurs jusqu’à l’école et l’État. Un décalage
entre l’émergence et la maîtrise des outils numériques par les usagers que nous
sommes ainsi qu’entre les savoirs et leur disponibilité à notre service insère
un déséquilibre que nous sommes tous appelés à résoudre.
Que pouvons-nous y faire?
Lorsque le livre de poche est apparu après
la Deuxième guerre mondiale, ce nouveau type de publication a constitué une
innovation culturelle de premier plan. La grammaire française a intégré de
nombreux codes provenant de la typographie et de la dactylo. Comme cela se
produit souvent, l’émergence de nouvelles technologies d’édition et de
publication est perçue de manière accessoire et même avec un certain mépris dans
un premier temps. Puis, la question est de savoir comment s’y adapter et saisir l’occasion. Pensons à l’apparition du traitement de texte. Vais-je
écrire de la même manière que je le fais au crayon ou au stylo ou encore qu’à
la machine à écrire? Ces transformations sont majeures alors qu’elles
apparaissent comme des apostrophes dans un premier temps, de petits symboles
sans apparence importante lorsque pris isolément.
Les deux dernières apostrophes
technologiques sont les téléphones intelligents et les réseaux sociaux. Un
téléphone intelligent est un appareil qui transmet la voix et qui permet la
publication de messages textes et plus. À chaque mois, plus de deux cents
nouveaux appareils de ce type apparaissent sur le marché à un endroit ou
l’autre de la planète. Les réseaux sociaux sont des média (avec un
« s » si vous le souhaitez) interactifs où chacun est une destination
et un pôle d’édition et de diffusion. La nouveauté réelle est le fruit de leur
combinaison : plus de 60% des consultations du Web passe par l’usage simultané du
téléphone intelligent et d'un réseau social. Le Web est
compris ici comme le lieu essentiel de déposition de la connaissance. Notre
société est rendue là. La nostalgie n’y fera rien. Alors, stop ou encore?
Notre défi commun est de persévérer dans
nos rencontres et faire briller ces constellations humaines et savoirs. Ce défi est également de persévérer dans notre univers francophone au-delà
de sa numérisation. Certains phénomènes sont plus insidieux que d’autres. Dans
le domaine spécifique de savoir qui est le mien, celui des organismes de
bienfaisance et des fondations publiques et privées du Canada, type
d’organisation souvent désigné sous l’expression « association » dans
plusieurs pays de la francophonie, j’ai remarqué que souvent les usagers
publient des messages en français sur les réseaux sociaux mais incluent des
liens en anglais, voire uniquement en anglais alors que leur public est
clairement francophone. Souvent ces liens réfèrent à des documents d’organismes
internationaux qui publient en français. Alors mon invitation à tous est d’être
attentif à vos publications comme vous le faites habituellement et de prendre
ces quelques minutes de plus pour trouver les documents d’origine en français
qui faciliteront la vie à tous dès maintenant et qui mettront adéquatement en
valeur la francophonie dans tous ses savoirs auprès de toutes les générations.
J’aime parler, lire et chanter en français tout
comme j’aime le faire en anglais. Cependant, lorsque les deux langues se
croisent je ne m’y retrouve pas toujours et je crois bien que je ne suis pas le
seul.
La compétence linguistique peut évoluer
tout au long de notre vie. Voici une occasion renouvelée de le faire tout en
renouvelant notre compréhension du monde et de ses habitants.
Bonne journée de la francophonie!
François Poulin